Quatre lauréates vont recevoir les premières bourses d’étude de l’ÉRIQA qui ont pour vocation d’encourager les recherches sur l’immigration au Québec. Félicitations à Catherine Paquette et Cassandre Gratton ; mais aussi à Audrey Gagnon et Anna Goudet. Découvrez, chaque jour, ces jeunes chercheuses et leurs recherches.
En continuité d’un parcours universitaire débuté en France, Anna Goudet a réalisé une maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal et est actuellement candidate au doctorat (financement FRQSC) en études urbaines au Centre Urbanisation Culture et Société de l’Institut national de recherche scientifique (INRS-UCS). Ses intérêts de recherche portent principalement sur les parcours migratoires et d’établissement dans les espaces urbains, ainsi qu’aux dynamiques familiales et conjugales dans ce contexte. Dans le cadre du Partenariat de recherche Immigration et résilience en milieu urbain (BRMC-IRMU CRSH 2016-2021), Anna Goudet coordonne actuellement un projet de recherche en deux volets, l’un documente l’initiative Vivons nos quartiers menée par la TCRI et Centraide et l’autre explore les perceptions et expériences de l’accueil dans les quartiers montréalais via des entrevues photovoice réalisés avec de nouveaux arrivants installés dans ces territoires.
Présentation de son projet de recherche : Les familles sont au cœur de l’immigration au Québec, tant pour les personnes immigrantes dont le projet migratoire est généralement un projet familial (Vatz Laaroussi 2008) que pour les politiques d’immigration qui favorisent la sélection de nouveaux arrivants dans une optique familiale (MIDI 2015). Les obstacles rencontrés par les familles immigrantes ont été de nombreuses fois démontrés empiriquement, on pense notamment au déclassement socio-professionnel, à l’affaiblissement du réseau social et aux obligations/solidarités à honorer envers la famille transnationale. Cette recherche doctorale vise à comprendre finement comment les relations conjugales et de genre sont susceptibles d’être transformées dans les épreuves que peut représenter un parcours d’immigration au Québec.
Le cadre conceptuel de cette recherche est articulé autour de la gestion de l’argent entre conjoints et de la trajectoire résidentielle de ces couples. L’étude de l’argent, et de son marquage social (Zelizer 2005), a fait ses preuves pour saisir les rapports d’affection, d’intimité, de pouvoir et d’inégalité entre conjoints (Pahl 1989), et pour analyser les liens entre sphères privée et publique. Examiner latrajectoire résidentiellepermet de retracer et d’inscrire spatialement les parcours avant-pendant-après l’immigration, de cerner tant les aspects matériels de l’habitat que le sens du chez-soi (aussi dans son caractère multilocal) (Serfaty-Garzon 2006), et d’étudier les choix résidentiels (Bonvalet et Gotman 1993) et leurs répercussions différenciées sur les conjoints.La question principale de ce projet se pose ainsi : comment les arrangements financiers au sein de couples immigrants évoluent-ils au fil de leur trajectoire résidentielle – prise comme autant d’étapes significatives dans leur parcours migratoire ? Pour l’aborder, j’adopte une démarche méthodologique compréhensive et centrée sur les pratiques et les significations des acteurs, à partir de “récits (de lieux) de vie” (Mathieu et al.2004). L’échantillon (25 personnes) est composé de coupleshautement qualifiées et biactifs, sélectionnés par le programme des “travailleurs qualifiés”, qui se sont établis ensemble dans la région de Montréal.
Pour finir, le comité (composé de Chedly Belkhodja, Karine Côté-Boucher et Paul Eid) a été impressionné par la qualité des candidatures reçues, qui ont démontré l’intérêt des étudiant.e.s et la vitalité des recherches sur l’immigration au Québec. Un nouveau concours sera organisé l’année prochaine pour soutenir les recherches et le parcours des étudiant.e.s.