Enregistré le 16 avril 2024.
Le 22 janvier 2024, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé une réduction du nombre de permis d’études accordés aux étudiants étrangers. Selon cette nouvelle politique, d’ici 2025, 364 000 permis d’études seront accordés par an et seront répartis entre les provinces en fonction de la taille de leur population. Cela représente une diminution de 35 % par rapport au nombre de permis d’études délivrés en 2023. Ce cap ne s’applique pas étudiants existants et les étudiants au secondaire, à la maitrise et au doctorat. De plus, de nouvelles limites seront imposées aux permis de travail des conjoints d’étudiants internationaux.
De plus, depuis le 4 mars, le IRCC exige qu’une lettre d’attestation provinciale accompagne chaque demande de permis d’études. Certains articles semblent indiquer qu’au Québec, les étudiants auront désormais besoin de cette attestation en plus du certificat d’acceptation du Québec (CAQ), mais ce n’est pas encore claire.
Cette mesure semble avoir été prise pour remédier à la crise du logement et des services de santé, mais beaucoup affirment qu’il s’agit d’un simple ‘scapegoat’. D’autres ont attribué la hausse des permis d’études aux collèges privés, mais la CBC a indiqué que sur les dix premiers établissements accueillant des étudiants étrangers, un seul était un collège privé.
Québec
Comme la plupart des autres provinces, ce nouveau plafond signifie que le Québec aura le droit d’accorder plus de permis d’études que la province ne l’a fait par le passé. Selon la réglementation actuelle, le Québec peut distribuer environ 133 000 permis d’études par an, soit près de 30 000 de plus qu’en 2023. Il semble donc que le plafond aura moins d’impact sur les étudiants étrangers au Québec. Selon Global News, le gouvernement du Québec a affirmé que la province pouvait accueillir davantage d’étudiants étrangers. En revanche, à la fin de l’année 2023, le gouvernement provincial du Québec a annoncé une augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers, qui devront désormais payer un minimum d’environ 20 000 dollars par an (avec quelques exceptions). Alors que d’autres provinces, comme la Colombie-Britannique, ont annoncé comment leur nombre total de permis d’études sera réparti entre les établissements privés et publics, le Québec ne semble pas encore avoir fourni d’informations similaires. Étant donné que le plafond des permis n’est pas inférieur au nombre habituel de permis au Québec, il semble que le Québec poursuive ses activités habituelles.
Étudiants étrangers au Canada
Divers rapports de think tanks et d’universités affirment que les étudiants internationaux enrichissent l’enseignement et la vie sur le campus et contribuent à l’économie.De plus, la Toronto Metropolitan University affirme que les frais de scolarité élevés payés par les étudiants étrangers ont aidé les universités publiques à survivre face aux décisions de financement provinciale (en Ontario) et à la baisse du nombre d’étudiants nationaux.
Malgré ces contributions et de leur image d’immigrants économiques “idéaux” en raison de leurs besoins supposés limités en matière d’intégration, les permis d’études sont rarement des voies d’accès à la résidence permanente ou à la citoyenneté. Selon le Conference Board of Canada, sur l’ensemble des étudiants étrangers ayant obtenu la résidence permanente, 88 % avaient obtenu plusieurs visas temporaires avant de passer à la résidence permanente.
Le 16 avril, l’ERIQA a organisé un webinaire pour explorer la nouvelle politique et analyser ce qu’elle signifie pour les provinces, en particulier le Québec. Notre panel d’experts s’est penché sur les changements les plus importants apportés par la nouvelle politique, sur l’évolution du discours autour des étudiants internationaux et sur les perspectives d’avenir pour les étudiants internationaux au Canada.
Les panélistes:
Islem Bendjaballah est agent de liaison communautaire pour les étudiants internationaux à Montréal. Diplômé d’un doctorat en études urbaines et membre de l’observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur; ses intérêts de recherche portent sur l’expérience migratoire, les rapports sociaux, les dynamiques migratoires à Montréal et au Québec et le sentiment de chez-soi.
Oscar Castillo est titulaire d’une maîtrise en administration et évaluation en éducation de l’Université Laval et membre du Collège des consultants en immigration canadienne, et possède plus de dix années d’expérience dans le domaine de l’immigration. Il évolue dans le milieu universitaire depuis 2015, et se spécialise dans la mise en place de processus d’immigration favorisant l’attraction et la rétention de talents en provenance de l’international, qu’ils soient membres du corps étudiant ou professoral ou encore de la communauté de la recherche. Il travaille actuellement comme chef de l’équipe immigration d’UdeM international, l’unité chargée de développer une culture de l’international au sein de l’Université de Montréal. Dans le cadre de ses fonctions, il planifie et veille au bon déroulement de l’ensemble des activités relatives au processus d’immigration des différents publics internationaux de l’Université et supervise une équipe diversifiée de spécialistes chevronnés
Chedly Belkhodja est professeur à l’École des affaires publiques communautaires de l’Université Concordia. Ses recherches portent sur les questions de l’immigration dans les villes de taille moyenne et dans les régions de faible immigration et des discours et représentations de la diversité culturelle, religieuse et ethnique. Il mène également une réflexion sur le phénomène du populisme et des nouvelles idéologies de la droite. Ses articles ont été publiés dans Géoregards, Études ethniques du Canada, Revue canadienne de science politique, Politique et Sociétés, Argument, Francophonie d’Amérique, Lexicometrica. En parallèle, il a publié un essai sur l’immigration francophone au Canada (D’ici et d’ailleurs, 2011) et a réalisé deux films produits par l’Office national du film du Canada, soit Tableaux d’un voyage imaginaire en 2001 avec le cinéaste Jean Chabot et Au bout du fil en 2006.
Mireille Paquet est titulaire de la Chaire de recherche en politique de l’immigration de l’Université Concordia et professeure agrégée de sciences politiques à l’Université Concordia. Ses recherches portent sur les politiques d’immigration au Canada, sur l’élaboration bureaucratique de politiques dans le secteur de l’immigration et sur l’innovation en matière de politiques d’immigration. Son travail a été publié dans des revues telles que : Canadian Journal of Political Science, Journal of Ethnic and Migration Studies, et International Migration. Elle est l’auteure de Province Building and the Federalization of Immigration (University of Toronto Press, 2019) et coéditrice de Citizenship as a Regime : Perspectives canadiennes et internationales (avec Nora Nagels et Aude-Claire Fourot, McGill-Queen’s University Press, 2018).
À l’animation : Catherine Xhardez est professeure adjointe au département de science politique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les politiques publiques liées à l’immigration, en particulier dans les États fédéraux et à l’échelle des entités fédérées. Ses recherches ont été publiées notamment dans Regional Studies, Citizenship Studies et Journal of International Migration and Integration ainsi que dans plusieurs ouvrages collectifs de référence. Elle est membre du CÉRIUM et du CPDS à l’UdeM.